jeudi 13 janvier 2011

White Museum Antartic



Dans un environnement confiné, isolé ou extrême, le fonctionnel tient souvent la dragée haute à l'esthétisme. Pourtant, dès le début de la conquête spatiale, certains psychologues américains se sont intéressés à "l'esthétisme fonctionnel".

Leur démarche allaient bien au-delà de démontrer que quelque chose de beau, en plus d'être fonctionnel, était mieux - là, ça serait plutôt l'apanage des designers… non ? -, mais ils prétendaient radicalement que le beau, dégagé de toute fonction, pouvait bel et bien en remplir une malgré tout, celle d'apaiser l'esprit dans un environnement réputé difficile et de permettre une évasion hors du "contenant" (sous-marin, fusée…) où les individus se trouvaient.

Quelle place pour l'art aujourd'hui dans de tels environnements hostiles ? Quelle(s) oeuvre(s) emporter sur une île déserte… ou quelle exposition montrer à Dumont d'Urville, 66°40' de latitude sud, 140°01' de longitude est ?

Ce sont les questions que pose notamment l'installation éphémère de douze cartes postales d'art moderne, rassemblées par Patrick de Glo de Besses, designer, et scénographiées par mes soins. On y trouve notamment César, Mondrian ou encore Giacometti.

Les visiteurs de l'expo, campagnards ou hivernants de la base, se sont laissés charmer par ce surgissement soudain et inattendu d'un acte gratuit dans leur quotidien qui avait également l'avantage de "déconfiner" l'art moderne trop souvent réservé à une pseudo-élite parisienne.

"White Muséum Antartic est liés à la vision du musée imaginaire d'André Malraux.
Un musée parfait à emporter dans des conditions extrêmes puisque ce ne sont finalement que quelques cartes postales.
Un musée imaginaire blanc sur blanc, en recomposition permanente où chaque nouvelle carte crée une nouvelle dislocation et un nouveau centre et donne à relire l'ensemble.
De la même façon que le contexte (ici l'Antarctique) déplace notre perception des oeuvres, le jeu de reproduction en opère un autre.
Les nouveaux noms que j'ai donné aux oeuvres, en plus de leur titre original, sont un clin d'œil au périple de Charlotte Poupon et encore une autre manière, adressée cette fois, de percevoir ces cartes postales."

Patrick de Glo de Besses