samedi 29 janvier 2011

Bricolage et art de la table


Ce jour s'annonce comme le dernier à Concordia. Demain nous reprendrons notre rythme de raid, avec un départ du site à 8h30. Les mécano s'affairent une dernière fois sur les engins tandis que la caravane des filles est conduite à l'atelier ou Gégé l'attend pour des soudures d'urgence. Les caravanes – aménagées dans des containers – sont montées sur des radiers à ski, afin de glisser sur la neige. Lors des 44 précédents raids logistiques, de nombreuses techniques de traction/glisse ont été tentées mais celle-ci est la plus efficace compte tenu des charges à transporter et de l'instabilité du terrain.
Sauf que cette fois-ci, le tout nouveau raccord radier/charge n'a pas tenu et on voit nettement une déchirure près du raccord avec les amortisseurs. Graeme Elfingstone, l'industriel australien en charge de la réalisation des traineaux, et qui est sur le raid, est rouge d'embarras. Mais ici on est étrangement dans l'artisanat quand ce n'est pas dans le prototypage… donc sans rancune, on fait réparer et on repart.
Je profite de ce jour pour un énième tour de base, discuter avec les campagnards et les futurs hivernants, reprendre une douche (oui, oui ! 3 jours, 3 douches… mon score antarctique), et refaire un tour des installations avec un italien cette fois. 60 km/h sur un skidoo… quand je pense que, ado, ma mère m'avait bien dit de ne pas monter en moto avec un inconnu… sauf que là, tout le monde se connaît – on le suppose – par la force des choses.
En fin d'après-midi, la nouvelle se repend comme une trainée de poudre : ce soir, c'est apéro et pizza-party pour fêter l'arrivé du Bassler et le départ du raid. Encore une fois, tout, ici, crée l'événement. Chacun se débrouille pour terminer ses activités à temps pour ne pas manquer une bulle de champagne.

C'est la Reine mère qui ouvre le bal en débouchant la première bouteille. La Reine mère c'est une des institutions de l'Antarctique française. Cuisinier de son état, quand on ne fait pas partie de son paysage, il vaut mieux l'appeler Jean-Louis, ne pas parler de « cuistot » mais de « cuisinier », ne pas demander de « rab » mais du « supplément ». Il a fait son premier hivernage en 1979-1980 avec Patrice et depuis ne compte plus les camapagne. Tous les hivernants vous le dirons, c'est LE cuisinier qu'il faut avoir en campagne. En fin de saison, il ferme Cap Prud'homme, on parle alors du « restaurant » de Prud'homme et de la « cantine » de Durville (que les cuisiniers de DDU n'y prennent pas d'ombrage… mais lutter contre un héro polaire c'est pas donner à tout le monde).
Autre exemple du soin de Queen Mum, lorsqu'il était du premier hivernage de Concordia en 2005, il organisait les tables classiquement pour les repas de semaine, faisait un buffet à thème dans un coin pour le repas du samedi soir, et dressait une grande table avec nappe et fleurs (en plastique, Traité de l'Antarctique oblige) pour le dimanche dans un autre coin de la même salle.