jeudi 30 décembre 2010

A l'approche des 50?

La première nuit en mer a été pénible avec une météo très sportive : des vents force 10 avec les vagues en conséquence. Il est de plus en plus dur de circuler dans le bateau, on se cogne d'un mur de coursive à l'autre. Je me demande parfois si il ne vaudrait pas mieux essayer de marcher sur les murs !

La moitiée des passagers ne vient plus aux services et préfère rester couchés dans leur bannette. Les  plus vaillants font du porte à porte pour distribuer bananes, pommes ou thé. L'orientation des bannettes y serait pour quelque chose : allongé dans l'axe du bateau, on est "bercé" de gauche à droite ; allongé perpendiculairement au bateau et c'est l'estomac qui vous remonte au cerveau toutes les 20 secondes. Je fais partie des doublement chanceux qui sont couchés dans l'axe du bateau et qui n'ont pas du tout le mal de mer.

Le patch est tout de même un casse pied car il donne franchement un goût de reuse dans la bouche ! C'est également assez rigolo que de tenter prendre une douche. Il faudrait 4 mains : une pour tenir la pomme de douche, une pour se savonner, et les deux autres pour se tenir aux paroies. Même sketch pour se rhabiller, même assis par terre pour enfiler ses chaussettes on glisse sur le sol... faudrait que j'arrive à filmer ça, c'est assez drôle.

Ce matin, après le petit-déjeuner de 7 h, je suis passée au mess où des camarades d'infortune regardaient Happy Feet, un film d'animation avec un manchot comme protagoniste. A 9 h, le film terminé, revient la  même question : "bon... on fait quoi ?". Il semblerait que le roulis anéhantisse toute volonté : pas envie de travailler, pas trop envie de manger, pas envie de se lancer dans un jeu de société, pas trop envie de se ballader sur les ponts, juste envie que ça s'arrête.

Je tente malgré tout une montée en passerelle et là je vois ahurie que le bateau roule maintenant sur 30° d'un bord à l'autre. Le commandant du bateau est des plus serein ce qui rassure pas mal. Les vagues se forment au loin et on peut anticiper les grosses éclaboussures sur l'étrave. Le GPS indique 46° de latitude, nous devrions passer les 50° en fin d'après-midi.